Paysages sonores et style : Le voyage de Lecomte de Brégeot à travers la musique et la mode

Soundscapes and Style: Lecomte de Brégeot’s Journey Through Music and Fashion

 

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Lecomte de Brégeot est un artiste et producteur de musique électro français dont le son élégant a déjà conquis des centaines de milliers de fans à travers le monde. Son tube Paris 1985 est l’un des chouchous du monde de la mode. Il a également collaboré avec la productrice canadienne Allie X et la légendaire drag-queen Violet Chachki sur Mistress Violet, un petit bijou de synth-pop hyper addictif. Plus récemment, il a sorti un remix de Fade to Grey, le tube iconique de Visage, produit un morceau avec Elle Valenci que l’on peut retrouver sur la BO de Emily in Paris, et on est déjà accros à Radian, le premier single de son nouvel EP.

I AM ICONIQA l’a rencontré à Barcelone pour papoter et évoquer ses influences, son rapport à la scène artistique queer, et tout un tas d’autres choses.

Salut, et merci de nous rencontrer !

Avec plaisir, merci à vous.

Ces deux, trois dernières années ont été bien remplies en termes de projets, et tu n’as pas arrêté de voyager !

Oui, depuis deux ans, c’est la folie, mais de manière positive. J’ai eu la chance de rencontrer un tas de gens cool et de me produire un peu partout dans le monde, pour mon plus grand bonheur.

 

En 2023, tu as réalisé la bande-son du défilé Roberto Cavalli AH23-24, et cela fait un petit moment maintenant que tu collabores avec de grands noms de la mode. Comment a débuté ta relation avec ce milieu ?

Tout a commencé en 2019. Ma première grande collab’, c’était avec YSL, qui a utilisé un de mes morceaux pour une campagne publicitaire. Depuis, on en a fait quatre ou cinq autres ensemble. Et puis j’ai sorti Paris 1985, qui a intéressé plusieurs marques : Saint Laurent, Nina Ricci, Balenciaga, NARS… Ce morceau m’a ouvert de nouvelles portes dans le milieu de la mode, et tout s’est enchaîné très vite. J’en suis le premier surpris, mais c’est génial, et je mesure ma chance de pouvoir travailler avec toutes ces marques prestigieuses.

En parlant de mode, tu as produit deux morceaux déments pour THE icône de la mode, Violet Chachki - qui était d’ailleurs la tête d’affiche de la soirée I AM ICONIQA vol. 1, ici à Barcelone. Comment est-ce que son art et son identité queer ont influencé ton processus créatif ?

Je pensais justement à ça, récemment. Au rapport entre la scène queer et le monde de la mode. Les artistes queer ont apporté énormément à l’industrie de la mode. Des gens comme Violet, qui sont de vraies icônes, ont ouvert de nouvelles perspectives avec leurs vêtements, leur maquillage ou encore leur attitude. Il existe clairement un pont entre les artistes queer et la mode, et entre la musique et la mode, et ça paraît presque logique, finalement, que nos chemins se croisent à un moment donné. 

 

Personnellement, je suis issu d’un milieu plutôt modeste, très éloigné des mondes de la mode et de la musique. J’ai donc découvert tout ça sur le tard, et c’est clair que la beauté et l’excentricité des artistes queer que j’ai eu la chance de rencontrer en chemin ont influencé ma musique. 

Pour ce qui est de Violet, plus précisément, il est évident que son univers et son personnage ont été une source d’inspiration au moment de l’écriture : son côté eighties, sexy et dark à la fois, tendre et culotté… C’est tout ce que j’aime, et ça me parle.

On retrouve également la voix de Violet sur ton remix de Fade to Grey. C’est une manière hyper smart, je trouve, d’immerger ce tube des années 80 dans la pop culture actuelle. De manière générale, les beats eighties sont très présents dans ta musique qui, par ailleurs, est hyper moderne. Tu es d’accord avec ça ?

Oui, carrément. Je suis né en 1986, donc j’ai grandi avec ce son, et il a une grande influence sur ma musique. Par ailleurs, j’adore la musique contemporaine, et le mélange des deux me vient naturellement.

 

Tu travailles aussi beaucoup avec la chanteuse française Elle Valenci, dont la voix apparaît sur un grand nombre de tes morceaux. Vous formez un duo franchement parfait.

C’est vrai ? Je te remercie. Je pense en effet qu’on s’accorde bien sur le plan artistique, et à côté de ça, je la considère comme un membre de ma famille. On est très proches, et on adore travailler ensemble, que ce soit sur mes projets ou le sien, qui est produit sous mon label. Je suis très content de l’avoir à mes côtés, et vice-versa.

Quels autres artistes t’inspirent en général ? Et avec qui aimerais-tu collaborer un jour ?

J’ai toujours été un très, très grand fan de Vitalic. Quand j’étais plus jeune, j’ai eu une période plus hardcore, jusqu’à ce qu’un ami me recommande Poney EP de Vitalic, et là, j’ai eu une put*** de révélation. Ce mélange de fusion, rock, techno… waouh ! J’étais DJ à l’époque, au début des années 2000, et c’est là que j’ai commencé à écrire mes premiers morceaux. J’étais scotché par sa singularité. Je l’ai rencontré deux ou trois fois depuis, et il est hyper cool. Qui sait ce que l’avenir nous réserve !

Sinon, concernant mes influences, j’adore les beats made in UK. Ça fait 50 que les Anglais dominent l’industrie de la musique – que ce soit les artistes électro comme The Chemical Brothers ou The Prodigy, ou les artistes de rock comme New Order, Blur, Oasis, The Beatles, Pink Floyd… Tous !

 

Ta musique a un côté hyper visuel. Quand on regarde le clip super léché de ton tube Paris 1985, on a l’impression d’être à I AM ICONIQA, la soirée la plus queer de Barcelone. Quelle importance l’aspect visuel occupe-t-il dans ta musique ?

C’est très important. J’ai eu la chance de travailler avec des gens talentueux qui ont des identités visuelles hyper fortes, et ça a été un bonheur de faire des clips avec eux. La musique, c’est comme les défilés : ça déclenche des images dans la tête. Pour moi, musique et vidéo vont de pair. Et quand on me dit que ma musique est visuelle, ce qui arrive très souvent, ça me fait plaisir. Les voix sur mes morceaux apportent également quelque chose de plus humain, et je pense que ça aussi, ça aide à projeter une histoire.

 

Tu peux nous en dire plus sur ton processus créatif ?

J’ai un rapport assez obsessionnel au travail, et quand je ne suis pas en tournée, je passe toutes mes journées en studio. Je culpabiliserais trop de rester assis à ne rien faire. Alors même quand je ne me sens pas hyper inspiré, je me force. Même si je n’ai qu’un bout d’idée, une ligne de basse par exemple, je l’explore. 

Mais ce que je préfère, et c’est comme ça que je travaille le mieux, c’est quand je ne contrôle rien. C’est vraiment un état d’esprit, où tu abandonnes une partie de toi-même pour atteindre un niveau de conscience qui délie ta créativité. Ça demande un certain détachement, pour pouvoir ressentir les choses autrement. Mais c’est comme ça que j’ai écrit ma meilleure musique. Parce que la technique “Je vais faire ça comme ça et pas autrement”, ça ne fonctionne jamais hyper bien, au final.

 

Tu as commencé ta carrière en France, avant d’exploser à l’international. Parmi tous les endroits où tu t’es déjà produit, quel est ton préféré ?

Il y en a plein, mais j’adore la Turquie. J’y suis allé pas mal de fois au cours des deux dernières années, et j’y ai maintenant un groupe d’amis que je suis content de retrouver à chaque fois. J’adore l’atmosphère en général. Et les soirées sont démentes.

J’aime aussi beaucoup la Russie, qui est très différente de ce que j’imaginais. Les gens sont cool, et ils ont un truc hyper élégant. Et la scène électro est énorme, hyper riche et variée. J’ai assisté à des performances live là-bas qui m’ont laissé sans voix. Gros, gros niveau. 

La soirée I AM ICONIQA vol. 3 à Razzmatazz m’a également mis une claque. Le niveau de créativité était énorme, et tout le monde avait le sourire.

 

Des projets à venir ?

Je viens de sortir Radian, le premier single de mon nouvel EP Sequences (dispo le 27 juin). Je travaille également avec Elle Valenci sur son projet, et je prépare de nouvelles collab avec des marques, et puis qui sait ? Peut-être de nouveaux projets cool avec la scène queer 🙂

Avant de se quitter, est-ce que je peux te demander une playlist I AM ICONIQA x Lecomte de Brégeot ? S’il-te-plaît, dis oui !

Bien sûr. Pour la team I AM ICONIQA, avec plaisir!

 
 

Photographie et Histoire: Sebastien Navosad @sebastien_nvsd
Assistante Photographe: Diego Sousa Pitti @diegosousap.foto
Tenue: Victor Von Schwarz @victorvonschwarz

Découvrez le nouvel EP captivant Sequences de Lecomte de Brégeot, avec des collaborations avec les talentueuses Elle Valenci et Seroye Litso. Disponible dès maintenant sur toutes les plateformes de streaming – écoutez ici →

En guise de cadeau spécial pour les lecteurs d'IAMICONIQA, Lecomte de Brégeot a également préparé une playlist exclusive rien que pour vous : Profitez-en sur Spotify→

 

Bonne écoute!

 
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